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L'histoire littéraire produit des fruits visibles dans l'enseignement
: c'est elle qui répartit les auteurs par siècles dans
les manuels, elle qui permet de présenter un mouvement
littéraire dans les classes. En amont de ces résultats doit
s'accomplir un travail de fond, visant à établir des connaissances.
Comment l'historien établit-il ces connaissances,
quels sont ses principes, et donc aussi ses préjugés ? La
prise en compte de l'environnement historique ne nous fait-elle
pas perdre de vue l'essence du texte, la spécificité du
phénomène littéraire ? On était près de le penser au moment
où les sciences humaines ont introduit leur apport dans
la recherche et l'enseignement littéraires. Une démarche de
l'esprit doit aujourd'hui pouvoir proposer sa théorie ; or,
l'histoire littéraire mène surtout des enquêtes de terrain.
Oui, mais si l'on débarrasse l'étude des oeuvres de toute
pesanteur historique, on aboutit rapidement à la perte des
connaissances, aux approches purement techniques. Pour
éviter ces risques, la plus récente réforme de l'enseignement
secondaire réintroduit l'histoire littéraire et culturelle comme
première perspective à prendre en compte devant les textes.
À ce stade, l'histoire littéraire est-elle capable d'une réflexion
théorique ? Est-elle à même de clarifier ses pratiques ?
Supporte-t-elle le regard critique des écrivains et des penseurs
depuis un siècle ? Pour apporter à ces questions les
réponses les plus actualisées, il convenait d'ouvrir un débat
international, dont les résultats sont livrés dans le présent
volume : une soixantaine de chercheurs, venus de onze pays,
souvent directeurs de revues ou de collections, se sont
rassemblés durant une semaine pour élaborer les principes
d'une histoire littéraire moderne. Les buts à long terme ?
Nous prémunir contre l'oubli du passé, nous constituer une
culture commune et acquérir une vision d'ensemble remédiant
à l'éclatement des savoirs.