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Avec la Renaissance, deux mouvements se développent en Europe :
les oeuvres d'art s'émancipent de plus en plus de toute préoccupation
religieuse ou politique ; les marchés prennent en charge les activités de
la société. Les artistes, qui vivaient souvent de commandes et de
gratifications, doivent désormais s'inscrire dans un environnement dominé
par les lois de l'économie marchande et les attentes d'un public élargi.
Aujourd'hui, il en résulte des situations contrastées, allant du starving
artist (l'artiste bohème) à la superstar. Les sommes parfois astronomiques
atteintes sur les marchés de l'art, du patrimoine, du spectacle vivant et
des industries culturelles ne masquent ni la fragilité ni la sous-rémunération
de la grande majorité des artistes. Là où le marché devrait servir
de levier de promotion, il est souvent vécu comme une fatalité.
Certains observateurs se sont alors demandés si les artistes ne
pouvaient pas trouver de nouvelles sources de revenus en mettant leur
art au service d'autres valeurs : une créativité économique enrichie, une
intégration sociale améliorée, des territoires plus attractifs.
Ces nouveaux marchés sont pourtant loin d'améliorer la condition
des artistes, alors soumis à des donneurs d'ordre pour qui la
culture n'est qu'un instrument parmi d'autres. Entre un art pour l'art
qui entend ignorer le marché et un art en tout qui accepterait de
s'y diluer, les risques sont nombreux et les démarches chaotiques.
Invention de l'art et fatalité de la condition des artistes semblent
toujours aller de pair, à moins qu'Internet et la révolution numérique
n'offrent une nouvelle renaissance à leur créativité.