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Il existe, à trente kilomètres au sud de Freetown, une grande bâtisse blanche rongée par le salpêtre, les guerres et l'oubli : l'île Afrique. Une poignée de missionnaires tente d'y ramener à la vie des enfants soldats, enrôlés dans le Front révolutionnaire uni.
C'est dans ce lieu au temps suspendu entre innocence et barbarie qu'un correspondant de guerre, accompagné d'un ami photographe, a choisi de venir mourir. Complice de l'ultime voyage, ce dernier ouvre trois carnets d'écolier reçus en héritage.
Vingt ans d'amitié et de guerres depuis les camps palestiniens de Beyrouth : les beuveries sous les bombes, la peur au ventre, les amis morts, les enfants qu'on ne verra pas grandir. Une vie de l'autre côté du monde pour imprimer l'horreur indicible, le sillon de la bombe quand les caméras sont parties et que la souffrance n'intéresse plus que ceux qui en tirent profit. Odeurs de musc, de saumure, de sueur et de terre chaude : le parfum de l'Afrique en guise d'analgésique, le reporter brandit un "carcinome rénal phase quatre" en argument décisif. Instruit de sa propre date de péremption, il s'emploie à appliquer la doctrine de Pythagore : "Le bonheur, c'est de remettre bout à bout le début et la fin de ce que l'on connaît."
