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Grand-père assène une grêle de coups sur la tête et sur les épaules
de grand-mère qui recule vers la porte avec des mouvements
impuissants... Effrayé et indigné, je braille à plein gosier.
«Qu'as-tu à gueuler ? Tais-toi !» me dit-il en me menaçant de la
main. Mais je ressens un accès à la fois de frayeur et de courage
et je ne me tais pas.
«La ferme, on te dit !» crie grand-père en se penchant vers moi,
grinçant des dents.
«Idiot, idiot, rouquin d'idiot !» lui lancé-je à tue-tête en plein
visage.
«Ah, bandit ! T'es ton père tout craché !» Et après m'avoir donné
de son poing sur le front, il s'enfuit...
C'est la première bagarre familiale qu'ait retenue ma mémoire...
Les textes autobiographiques figurant dans ce volume étaient -
sauf deux - inédits en français et ils nous permettent de
découvrir, ou de redécouvrir, l'homme et le conteur, bien
plus complexes que ce que l'on croit généralement. Certes,
sacré père des lettres soviétiques, Gorki a été le porte-parole de
Staline, mais il a fini par en être la victime puisqu'il est mort
sans doute assassiné sur son ordre.
Il demeure surtout comme le chantre des pauvres, des plus que
pauvres, lui qui a été l'un d'entre eux. Il raconte ici le gamin puis
l'adolescent qu'il a été, qui ne connaît que la misère, la faim,
les coups, la violence et le désespoir, avant de commencer à se
structurer par le travail, l'amitié, la lecture et une profonde quête
spirituelle présentée dans ce recueil sous un éclairage nouveau.