En savoir plus
Le 2 mars 1127, mercredi des Cendres, le pieux et bon comte
de Flandre Charles est agenouillé en prières dans l'église Saint-Donatien
de Bruges, lieu sacré. Un commando fait irruption et,
par-derrière, le poignarde. Les auteurs et commanditaires de ce
crime monstrueux appartiennent au proche entourage du comte
Charles, dont ils craignaient d'avoir encouru la disgrâce et qu'ils
cherchaient à remplacer par un seigneur concurrent. S'ensuivent,
à Bruges et dans toute la Flandre, des péripéties d'une extrême
violence, avant que le roi Louis VI le Gros, dont le comte de
Flandre est un puissant et fidèle vassal, fasse bonne justice et
impose son propre candidat à la couronne comtale. Un témoin,
Galbert de Bruges, a tout raconté dans un prodigieux récit.
Cet épisode, qui eut un immense retentissement, permet de
mettre en lumière les moeurs et les rites de la chevalerie, l'émergence
politique d'une bourgeoisie consciente de sa puissance et de
ses droits, l'exercice de l'autorité royale, le poids de la religion, le
meurtre du comte Charles ayant fait de lui, aux yeux de ses sujets,
un martyr. Rarement le Moyen Age à son apogée a été ainsi révélé
de l'intérieur.