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Marie Laurencin (1883-1956) occupe une place éminente dans la peinture française du vingtième siècle. Représentée dans de nombreux musées, son oeuvre est marquée par un style immédiatement reconnaissable et imprégné d'une poésie prenante. Si sa réputation de peintre n'est plus à faire, on ignore souvent que cette amie des poètes, compagne pendant cinq ans de Guillaume Apollinaire, écrivait aussi avec un talent remarquable.
En 1956, elle fit paraître peu avant sa mort l'édition définitive du Carnet des nuits, où elle avait rassemblé des proses et des poèmes écrits tout au long de sa vie. C'est ce volume devenu introuvable que nous rééditons ici, avec les trois dessins par lesquels elle avait choisi de l'illustrer.
Cette suite de textes - on aurait presque envie d'écrire : de tableaux - se compose en partie de notes intimes rédigées au jour le jour et constitue une sorte d'autobiographie fragmentée, où l'on découvre aussi bien l'enfance et les années de formation du peintre que ses souvenirs sur l'époque artistique foisonnante qui fut la sienne, avec évidemment Apollinaire au premier rang.
Même si ce livre représente ainsi un document irremplaçable sur un temps et une vie, il frappe avant tout par son écriture d'une fantaisie et d'une originalité où l'on retrouve le talent pictural si attachant de Marie Laurencin. En prose comme en vers, on pourrait à bon droit définir ces textes comme un autoportrait de l'artiste en poète.
