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« Les insoumis, les rebelles, les révoltés, ceux et celles qui avaient l'impression qu'ils étaient à l'étroit dans le monde, se parlaient, avec leurs corps, les traits de leurs visages, leurs gestes, leurs façons de se réunir, de se rassembler, d'être ensemble. »
Tano D'Amico se définit avec fierté « fotografo di strada ». « Mendiant d'images » au sens pasolinien, il a toujours cherché l'image vraie et belle dans la rue : il en avait besoin pour vivre, alors que la presse refusait la plupart de ses photos. Sans contrat, indépendant, D'Amico a mené son combat à côté des ouvriers, des mineurs, des détenus, des sans-logis, des femmes. Il nous donne à voir les années de plomb, les étudiants de Milan, les grévistes de Fiat à Turin, les policiers et les manifestants à Rome, mais aussi les enfants des Pouilles, de Calabre, les gosses de Palerme. Des images en noir et blanc, mais pas manichéennes. Comme Pasolini, il sait que les flics casqués et anonymes sont toujours de vrais prolétaires, eux aussi. Un jeune voyou napolitain et le policier qui l'a arrêté « pourraient être frères », nous dit une de ses légendes rédigées à la main. C'est à son travail, qui se passait de l'approbation des journaux et des groupes éditoriaux, que l'on doit pour une part la mémoire d'un pays, l'Italie, courageuse dans ses revendications et ses protestations. Les Éditions Mimésis ont l'honneur de publier, pour la première fois en France, cette oeuvre majeure.
