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La Jeune Moabite
Journal 2013-2016
Les livres sont écrits, les amours qui en furent les inspiratrices se sont apaisées, Gabriel Matzneff, toujours
prompt à s'enflammer telle l'étoupe, s'ennuie. Cette vie
calme ne correspond pas à l'idée qu'il se fait du bonheur.
Certes, après l'avoir longtemps ostracisé à cause de ses
moeurs réputées peu orthodoxes, la société lui décerne
en 2013 le prix Renaudot pour un essai ; en 2015, le prix
Cazes pour son neuvième et dernier roman ; mais ces tardifs lauriers, même s'ils lui font plaisir, ne sont pas des
remèdes à la mélancolie. Son désir d'ivresse réclame une
liqueur bien plus forte.
Le 17 février 2014, dans une ville de province, une
lycéenne fait irruption dans sa vie. L'année suivante,
quand elle arrive à Paris, s'inscrit à la fac, ils deviennent
amants. Elle a dix-neuf ans, lui soixante-dix-neuf. C'est
la jeune Moabite du Booz de Victor Hugo. Leurs amours
ne dureront que quelques mois, mais elles rendent à
Gabriel Matzneff allégresse, confiance en son pouvoir de
séduction, goût de son destin.
Ce sont des années où, pris dans un mouvement incessant, il voyage beaucoup, surtout en Italie : Bordighera,
Rome, Zagarolo, Trieste, Venise, Naples, escorté par
ses éternels compagnons de route : Horace, Galiani,
Casanova, Schopenhauer, Byron.
De l'aventure, des réflexions politiques, une somme
d'observations sur les jeunes filles, un goût très sûr pour
la langue française, un christianisme solaire vécu comme
l'héritage d'Apollon et de Dionysos, le dandysme élevé au
rang de philosophie : pour Gabriel Matzneff, le journal
intime, c'est la vie à bout portant.