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Le Petit Oiseau blanc
Ce roman était jusque-là inédit en France. Un seul éclat de
ce récit - les six chapitres centraux consacrés à Peter Pan -
avait été publié sous le titre Peter Pan dans les Jardins de
Kensington. D'ailleurs, Barrie lui-même les édita sous cette
forme. Toutefois, cela sous-entendrait que Peter Pan est
l'amande de ce roman et que le reste - vingt chapitres - n'est
que coquille. Rien de plus faux. Ces deux fragments sont
construits en raison, sinon en regard, l'un de l'autre.
L'ensemble, une coquille d'oeuf brisée en mille éclats, dissimule
un secret, un post-scriptum que le lecteur devra déchiffrer...
Le Petit Oiseau blanc est un roman sulfureux. Mais la
provocation n'est pas là où cet adjectif semble conduire... Il
convient de le lire pour comprendre à quel point il faut de
l'audace à un homme pour vivre, non pas dans l'imaginaire,
mais dans la réalité qui se plie, soudain, au bon plaisir d'une
fantaisie intime et parfois douloureuse, mais toujours révélatrice
de l'âme cachée. Lire ce roman revient à surprendre une
conversation, c'est un acte d'impudeur. On le décachette ; il
s'agit d'une lettre qui ne nous est pas adressée en propre, mais
qui parle peut-être de nous. Barrie publie dans ce roman tous
ses chagrins et ses fantasmes d'homme dans un corps d'enfant
ou l'inverse -, toutes ses joies et ses espérances d'enfant
dans une fausse peau d'adulte.
Le Petit Oiseau blanc est a la fois l'enfant que la nature lui
refuse, le livre que nous lisons et celui qu'écrit le narrateur, et
finalement le double d'un enfant bien réel, George Llewelyn
Davies (nommé David dans le texte).