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Tous les autres, ou presque, sont revenus de la guerre, mais pas Louis. Justine attend, espère. Elle part finalement à sa recherche et retrouve une défroque déchiquetée par des loups. Un homme a bien été mis en pièces par les prédateurs affamés. Serait-ce bien Louis ? Les mois passant, la nature reprend ses couleurs de printemps mais Justine reste isolée au fond de sa mélancolie. Deux jeunes femmes, Pellerine et Bernarde, qui n'ont pas froid aux yeux, l'entraînent dans un bien étrange dessein. Commence alors, dans la montagne et dans son esprit, une douloureuse errance.
Justine va-t-elle enfin retrouver le plaisir de vivre ?
Sa pensée la laissait maintenant courir sur le plateau, toute seule, entre les murets, dans les vastes espaces regorgeant d'herbe, avec ces nuages qui formaient aussi des montagnes, des îles, des continents. Elle était oiseau, alouette ou épervier, avide d'air, se nourrissant d'air. Elle aimait ainsi échapper aux hommes, n'être plus qu 'une infime partie de l'univers. Elle repensa à Lucile, qui aurait pu être sa mère, morte si jeune, à son père qui avait aussitôt disparu, à Louis qui s'était engagé dans l'armée alors qu'elle avait le plus besoin de lui et qu'elle était fragile. Tous ces échecs, en était-elle responsable ? Certes pas, mais comme les perles du collier ces terribles déboires étaient liés les uns aux autres et elle avait fini par se sentir détruite à cause d'eux, par n'avoir pas plus d'existence que celle d'une brindille, d'une feuille dont il ne reste que les nervures.
