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La première République française - qui, bien sûr, n'avait pas de numéro - avait duré douze ans. La deuxième n'atteignit pas quatre ans. La troisième, sur la longévité de laquelle personne n'aurait parié, se retrouva dans le camp des vainqueurs à la fin de la Première Guerre mondiale. Elle avait un demi-siècle d'existence et comptait persévérer. La France, endeuillée et affaiblie, éprouve le besoin de vivre intensément, de s'abandonner à sa fringale de plaisir.
Gilbert Guilleminault et son équipe d'écrivains, de journalistes et d'historiens font revivre pour notre plaisir les fastes de ces Années folles où Montparnasse et Modigliani remplacent Montmartre et Toulouse-Lautrec, Kiki, Jouki et Jannen font oublier les Trois Grandes - Jane Avril, La Goulue et Grille d'Egout - et Coco Chanel éclipse Paul Poiret vieillissant. Mais, à leur tour, les Années folles cèdent la place aux Années difficiles. Sur un fond de chômage et de grèves éclate le "krach" de la Gazette du franc, puis l'affaire Stavisky. Les exploits de l'aéropostale, de la Croisière jaune et des mousquetaires du tennis ne peuvent effacer les retards de l'Exposition de 37 et la Grande Illusion de Munich. Puis, c'est la guerre, l'Occupation et la fin inévitable de la Troisième République. Landru est remplacé par le docteur Petiot, de Gaulle succède à Pétain, Saint-Germain-des-Prés à Montparnasse et Jean-Paul Sartre à Bergson. Notre empire colonial part à la dérive. La Quatrième République durera jusqu'au retour de De Gaulle en 1958. Son accession au pouvoir coïncide avec les premiers balbutiements d'une nouvelle République et d'un modèle de civilisation dont on peut entrevoir les contours en lisant le Roman vrai.
Guy Schoeller
