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Bernard-Henri Lévy porte beau : photogénique, il a le sens de la
 formule et semble toujours prêt à surgir dans votre poste de télévision
 pour dénoncer l'injustice et les nouvelles «barbaries». En apparence,
 un démocrate militant, un intellectuel de gauche engagé, à
 la Sartre. Vous pensez peut-être qu'il est un philosophe courageux,
 prompt à réveiller les consciences endormies.
Vous avez tort. BHL n'est ni philosophe, ni intellectuel influent,
 ni militant des sans-grade, ni journaliste chevronné. Comme le
 montre cette enquête fouillée - version très largement actualisée
 du B.A. BA du BHL (La Découverte, 2004) -, c'est un excellent publiciste,
 une star des médias et un essayiste à succès. Et aussi un ami
 des grands patrons et des dirigeants politiques, à commencer par
 Nicolas Sarkozy. C'est que BHL propose une offre qui rencontre une
 demande : il fait le spectacle, produisant le grand récit hollywoodien
 du monde que les médias aiment relayer et que les pouvoirs chérissent,
 car il les protège du feu de la critique. Il a occupé le devant de
 la scène lors du déclenchement de la guerre en Libye et, au nom de
 l'ingérence humanitaire, se préoccupe de l'Iran et du Darfour. Mais
 sa défense des opprimés passe au second plan lorsqu'il s'agit d'Israël,
 dont il relaie la communication officielle. Et son féminisme est à géométrie
 variable : il défend l'Iranienne Sakineh Mohammadi Ashtiani,
 menacée de lapidation, tout en décrétant par principe Dominique
 Strauss-Kahn innocent de l'accusation d'agression sexuelle portée
 contre lui.
À soixante ans passés, l'intellectuel est un cas plus intéressant que
 sa propre personne. Il incarne un mouvement qui le dépasse, mais
 dont il fut l'un des moteurs : la réinvention du pouvoir médiatique
 en illusion intellectuelle.