En savoir plus
Il passionne ou il agace - souvent les deux : Jean Daniel ne
laisse pas indifférent. Témoin engagé, le fondateur du Nouvel
Observateur occupe une place originale dans le paysage médiatique
et intellectuel. Né en Algérie dans une famille de la petite
bourgeoisie juive, il dirige après-guerre Caliban, une revue de
vulgarisation culturelle à laquelle collabore Albert Camus et qui
rassemble le Tout-Paris littéraire. Il se fraie un chemin dans le
journalisme politique en couvrant la guerre d'Algérie pour
L'Express de Françoise Giroud et Jean-Jacques Servan-Schreiber.
Dès cette époque et tout au long de sa carrière, il nage volontiers
à contre-courant : Français d'Algérie, il est à l'écoute des aspirations
nationalistes puis indépendantistes des Algériens ; homme
de gauche, il a tôt l'intuition que de Gaulle fera la paix en
Algérie ; juif, il est favorable à la création d'un État palestinien ;
mendésiste, il se ralliera à François Mitterrand. En 1964, il lance
avec Claude Perdriel Le Nouvel Observateur. Il y défend la
décolonisation, encourage le dialogue au Proche-Orient, se
mobilise pour l'arrivée puis le retour de la gauche au pouvoir, dit
oui à l'Europe. Grâce à ses réseaux et ses amitiés, son hebdomadaire
s'impose comme le baromètre de la vie culturelle. Patron
de presse et éditorialiste influent, Jean Daniel a toujours été
animé par le désir d'être un «homme total», journaliste mais
aussi écrivain. C'est l'une des grandes réussites de cette biographie
que de saisir au plus près l'homme privé comme l'homme
public pour montrer dans toute sa complexité une personnalité
marquante de la seconde moitié du XXe siècle.