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«Arrivé à l'âge adulte, je perdis la voix.» Constat paradoxal qu'énonce le narrateur
à l'orée de son récit : malgré son absence de voix, il ne reste pas muet. Au
contraire il se fait l'écho, le porte-parole de la rumeur du monde qu'il parcourt,
et surtout de personnages étranges et énigmatiques qu'il va fréquenter.
Au cours d'un reportage sur les égouts, il fait la connaissance de Noirmont qui
l'initie à cet univers labyrinthique et lui dévoile sa passion pour ce néant qui préfigure
la mort. A peu près à la même époque, il rencontre Gwen, venue des antipodes,
avec qui il noue une idylle aussi enivrante qu'indécise. Puis il
s'embarque dans une série de voyages : le Mexique, la traversée de l'Atlantique
sur un vieux rafiot, l'Espagne et la Nouvelle-Zélande. C'est du fond d'une prison
au Mexique - pays des fantômes, des revenants et des masques - que surgit
Kurt. Kurt, cette autre taupe semblable à Noirmont, qui a le pouvoir de métamorphoser
cet univers carcéral et sordide en un lieu où se déploie son énergie
créatrice.
En restituant ces voix, en évoquant ces personnages, le narrateur mène sa propre
quête, au bout du monde comme au fond de lui-même. Traversée des miroirs et
des illusions, ce récit poétique explore en définitive ce qui reste quand tout a disparu
: la langue et sa douce musique.