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« Nous les femmes, nous ne décidons rien, nous ne pouvons rien. Nous suivons. C'est tout. » Voilà ce que disait une femme peule nomade à Angelo B. Maliki, confirmant l'antienne familière aux linguistes - le mot peul debbo « femme » est dérivé de la racine verbale rew-, « suivre, obéir ». Toutefois, quelques phrases plus loin, elle corrigeait son acte d'humilité en ces termes encore tout empreints de modestie : « Nous connaissons des choses que les hommes ne connaissent pas » et « Pendant l'année de la sécheresse, ce sont les femmes qui ont sauvé les hommes ».
Les Profils de femmes que présente ce florilège de récits épiques recueillis au Mali et au Niger, démentent totalement la première partie de cette déclaration et en illustrent bien plus éloquemment la suite, battant en brèche toutes les idées reçues, et dressant de la femme peule - certes à travers les conventions littéraires et les postulats du pulaaku - un portrait haut en couleurs et riche de sa diversité, mettant en exergue une qualité commune à toutes les héroïnes : leur fonction première de garantes de la valeur de l'homme.
Faisant pendant à la galerie des héros traditionnellement célébrés par les griots, elles offrent ici une théorie de caractères bien trempés, et se trouvent promues au rang de figures emblématiques, dignes de s'inscrire dans le patrimoine épique grâce auquel se perpétue cette idéologie de la personne, dans laquelle se reconnaît tout Peul. Chaque récit illustre le rôle majeur que joue la femme dans la réalisation du destin de son partenaire masculin, comme si toute action héroïque de celui-ci ne se pouvait entreprendre que mue par l'instigation, l'incitation ou le concours de son homologue féminin dont regard et jugement restent les pierres de touche indispensables de sa valeur.
