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Beaucoup d'hommes et de femmes nés chrétiens ont pris du recul
par rapport aux expressions de la foi. Ils ne sont ni des croyants chrétiens
adhérant dans une fidélité non critique, ni des indifférents à la
démarche religieuse et au message de l'Évangile. Ils se débrouillent
dans l'obscurité, le tâtonnement, le silence, loin des paroles pleines
d'assurance des pasteurs de certaines Églises, en particulier ceux de
l'Église catholique, pape, évêques ou autres. Ils sont devenus des
«agnostiques chrétiens».
Jean Rogues, qui en fait partie, n'est pas un franc-tireur. Il a
exercé des responsabilités d'Église. Son livre est un parcours serein
mais décapant, à travers des questionnements sur les dogmes, la pratique
liturgique et l'organisation des Églises. L'agnostique chrétien
qu'il est dénoncé l'impasse du mouvement oecuménique, sa stagnation
actuelle et la prétention de l'Église catholique à s'octroyer le
monopole de la vérité. Il émet des réserves sur l'affirmation des Églises
chrétiennes à représenter la voie unique du salut alors qu'«elles
parlent du dialogue des religions»
Dans sa recherche passionnante, Jean Rogues ne se contente pas
de pointer les aspects du malaise actuel. Il propose des pistes de relecture
du message biblique, sur les traces du prophète Jésus et des vingt
siècles de l'expérience collective des Églises, dans une foi ouverte,
mais ne prétendant pas connaître l'inconnaissable. Et en même temps
il témoigne de l'importance de l'intelligence de la foi - la théologie
- et de la rigueur intellectuelle qu'elle requiert. Il souligne également
les intuitions spirituelles des grands Conciles dont se réclament toutes
les Églises, même si leur langage ne passe plus.