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Un état des lieux de l'anthropologie ? Non, une série de réflexions sur
 son mode de connaître et sur son projet de savoir. Alors un essai
 d'épistémologie de l'anthropologie ? Pas davantage, plutôt des tentatives
 pour répondre à certaines des questions que pose son exercice.
La connaissance ethnographique du présent est-elle logiquement
 distincte, dans sa composition, de la connaissance historiographique du
 passé ? Le temps qui passe ne commue-t-il pas inexorablement les
 relations ethnographiques d'hier en documents historiques ? En vertu
 de quels critères épingle-t-on la vérité ou la fausseté de ces relations ? La
 méthode interprétative dont use l'anthropologue, comme l'historien,
 pour faire comprendre autrui en livrant les bonnes raisons qu'il a
 d'agir comme il agit ne présuppose-t-elle pas le recours à la psychologie
 ordinaire, consistant à assigner à autrui des états d'esprit, promus dès
 lors en explication de ses agissements ?
Le privilège conféré dans les sciences historiques à l'explication
 intentionnelle tient-il au mode de connaître adopté ou au mode d'être
 présumé des phénomènes à connaître ? Le prix à payer pour se rendre
 autrui intelligible n'est-il pas de décréter qu'il est coulé dans le même
 moule mental que l'interprète ? Serait-ce faire acte de charité que de
 postuler qu'autrui est notre pair en rationalité ? Le fait évident que
 tous les hommes ne tiennent pas pour vraies les mêmes pensées
 conduit-il à professer le relativisme de la raison et donc l'idée de la
 relativité du vrai ? Mais si la vérité est plurielle, comment peut-il se
 faire que l'on parvienne à traduire les énoncés d'autrui, c'est-à-dire à
 rendre l'original et sa traduction approximativement synonymes ? La
 réussite de cette traduction, rarement mise en doute par son auteur,
 ne démontre-t-elle pas la fausseté de l'idée de relativité du vrai ?