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En 1976, la première édition de ce livre dans la «Petite collection
 Maspero» fit grand bruit dans les cénacles universitaires,
 mais aussi bien au-delà. Il faut dire que le géographe Yves
 Lacoste y proposait une analyse iconoclaste : il y fustigeait
 la «géographie des professeurs», apparue au XIXe siècle en
 Allemagne et en France et progressivement devenue un
 discours idéologique masquant l'importance politique de
 toute réflexion sur l'espace - tandis que sa variante scolaire
 a longtemps été vue comme l'un des enseignements les plus
 rébarbatifs et «inutiles». Mais surtout, Yves Lacoste montrait
 qu'existait aussi une autre géographie, plus ancienne et
 toujours actuelle, la «géographie des états-majors», ensemble
 de représentations et de connaissances rapportées à
 l'espace constituant un savoir stratégique utilisé par les minorités
 dirigeantes.
À rebours de ces deux conceptions, Lacoste affirmait que
 les questions soulevées par la géographie concernent en
 réalité tous les citoyens, car il est impossible d'en exclure les
 phénomènes militaires, politiques et sociaux : des questions
 passionnantes, multiformes, à la croisée de nombreuses
 disciplines. Tel était le programme de la revue Hérodote,
 lancée également en 1976 par Yves Lacoste chez le même
 éditeur et devenue depuis le fer de lance d'une nouvelle
 géographie «géopolitique». Trente-six ans après la parution
 de ce livre devenu culte, la présente édition reprend le texte
 original de 1976, complété par une longue préface inédite et
 des commentaires contemporains de l'auteur. Sa pertinence
 reste entière, à une époque où la géopolitique défendue par
 Yves Lacoste est entrée dans les moeurs et où l'analyse des
 conflits régionaux et internationaux, toujours complexe, s'est
 imposée dans le débat public.