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Sur quelle base reconnaît-on aujourd'hui à un individu le droit de
 se dénommer «artiste» ? Qui est ce «on» dont l'artiste dépend pour
 gagner sa légitimation ? Sur quels critères «objectifs» repose l'obtention
 de son statut ? Plus généralement, de quoi dépend la qualification
 de l'artiste ? Voilà des questions que la sociologie a souvent été amenée
 à résoudre avec plus ou moins de succès. Or, ici, il ne s'agit pas de cela.
 C'est en philosophe que je tente d'y répondre, en m'inscrivant délibérément
 dans le prolongement d'une interrogation déjà entamée sur le
 fondement à la fois éthique et esthétique de la création artistique -
 dans la perspective, donc, de ce que j'ai appelé l'esth/éthique.
En prenant pour fil conducteur la dernière définition normative que
 l'Unesco a proposé de l'artiste, le présent opuscule - une conférence
 à l'origine, d'où sa brièveté - montre comment le critère de
 légitimation s'est déplacé de l'art à la culture, c'est-à-dire des oeuvres
 (artistiques) aux produits (culturels). Je me demande ainsi, non sans
 vivacité et combativité, de quel monde relève ce critère qui, sous couvert
 du contraire, prive radicalement l'artiste de cette souveraineté qu'il
 avait pourtant conquise de haute lutte au nom de la modernité ? Au
 critère de la responsabilité, toujours singulièrement assumée, de
 l'artiste devrait-on préférer ceux de sa reconnaissance extérieure et
 mondaine, qui ne sont en réalité rien de moins que ceux dont se
 soutient la Culture à majuscule pour persévérer dans son être ?
Le présent «Discours» est suivi d'une discussion avec Francis
 Marmande au sujet de la notion de «souveraineté», au sens singulier
 que lui a donné Georges Bataille.