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1914-1918 fut un intermède belliciste entre deux
époques marquées par un fort rejet de
la guerre. En 1914 il ne fallut que quelques jours pour que les très nombreuses
voix pacifistes qui s'élevaient dans tous les milieux et parmi
toutes les sensibilités politiques soient submergées par la vague de
violence qui déferlait sur l'Europe. En 1918 l'évidence du désastre et
le deuil immense qu'il avait provoqué redonnèrent à ces voix toute leur
pertinence et leur poids. Bien des années après, l'influence de ces idées
se fait encore sentir dans l'historiographie, au point d'affecter l'analyse
de la contestation pendant la durée même du conflit.
Galit Haddad reprend donc cette question à nouveaux frais. Elle
s'affranchit de la politique et de l'idéologie en questionnant la protestation
en tant que phénomène culturel, à travers une analyse du discours des
contestataires, combattants et civils, homme ou femmes. Elle décrypte
l'argumentaire qu'ils déploient dans un contexte qui leur est hostile,
marqué par la répression et les arrestations, ainsi que les rythmes suivis
par ce mouvement multiforme. Mais, surtout, elle y expose une découverte
qui fera date : il est impossible de comprendre le phénomène de
la protestation sans le relier aux idées que se formaient les acteurs sur
la durée de la guerre et sur les perspectives de défaite ou de victoire.
Ainsi, à partir du moment où la contre-offensive alliée de juillet 1918
ouvre le chemin du succès final, la contestation combattante disparaît
de l'armée française.
Débarrassée de ses préjugés, cette analyse de la protestation permet
au lecteur de rejoindre combattants et civils dans leurs angoisses et leurs
espérances d'êtres ordinaires confrontés à un drame qui les dépasse.