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En suivant les traces des wagons jadis chargés de déportés, de Venise à Auschwitz, Eraldo Affinati a voulu combler la distance physique et morale qui le sépare des camps et en assumer, en quelque sorte, l'horreur. Entraîné par le souvenir d'un grand-père partisan fusillé par les nazis, par les évocations de sa mère échappée miraculeusement à la déportation, guidé par les auteurs qui l'ont précédé (Robert Antelme, Primo Levi, Tadeusz Borowski, Jean Améry, Jorge Semprun, Elie Wiesel, Vassili Grossman, Bruno Bettelheim...), il entreprend donc ce voyage qui deviendra, dans le récit qu'il nous en livre, un parcours de connaissance vers les racines du Mal, une descente dans le gouffre de la nature humaine.
De l'Italie à la Pologne, nous participons aux rencontres du voyageur-narrateur, observant avec lui les paysages désolés, les constructions industrielles, les villes et les villages, les châteaux, et entrons dans le monde de la mémoire à travers les réflexions de l'auteur, les nombreuses citations tirées de ses lectures, les épisodes tragiques de la vie des camps qui lui apparaissent dans une sorte d'état d'hallucination ou encore l'évocation des nombreux suicides d'écrivains qui ont émaillé le siècle.
De par sa technique particulière qui mêle de façon parfaitement équilibrée descriptions de paysages et d'émotions, citations et réflexions, Terre du sang est un passionnant récit choral, l'œuvre d'un véritable écrivain.
