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Dès l'aurore de la pensée, la recherche des raisons du droit a
 constitué une voie royale pour la philosophie juridique. Sur cette
 voie précisément, la raison s'est soumise à son auto-examen afin
 d'apurer sa propre démarche. La philosophie de Kant a, dans
 ce registre, donné ses lettres de créance à une critique de la raison
 juridique dont, malgré des divergences d'interprétation et
 des pluralismes parfois déroutants, l'héritage est, aujourd'hui
 encore, riche et vivace.
Les chemins du criticisme juridique sont d'autant plus escarpés
 qu'il existe des âges de la rationalité critique et que
 le philosophe, en s'engageant sur cet itinéraire, se lance dans
 une quête réflexive qui demeurera toujours inachevée. Il serait
 en effet présomptueux de croire que, même avec les nuances
 et les variances apportées par les philosophies contemporaines
 de l'argumentation et de la discussion, la philosophie critique
 de la raison juridique conduit à la fondation ultime et définitive
 des ordres de droit. On peut néanmoins reconnaître qu'elle
 jalonne la route au bout de laquelle brille, tel un phare, l'a priori
 transcendantal auquel s'accrochent le sens et la validité du droit.
 Dans la perspective que dessine la réflexion critique, la juridicité
 du droit se révèle donc comme le lieu d'excellence de l'Idéal
 régulateur de la raison. Il apparaît ainsi que, malgré les périls et
 les drames qui taraudent notre monde, le droit peut encore,
 dans le champ pratique où réside l'honneur de l'homme,
 accorder une place à l'espérance.