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Depuis le XVIIe siècle et plus encore au XIXe, la France et surtout
Paris se sont fait une spécialité du «salon». En ce lieu de sociabilité
particulière, où l'esprit est une puissance, les écrivains, les artistes
et les politiques, les étrangers aussi, se rencontrent et se confrontent
selon des codes, des liturgies, des modes. Les femmes y jouent un
rôle essentiel, qui leur est refusé ailleurs.
A travers les changements de régimes, les crises et les affaires,
de Napoléon III finissant jusqu'à la veille du Front populaire, les
salons et leurs animateurs conservent leur influence et leur rayonnement,
en s'adaptant aux circonstances et aux moeurs. C'est là
que se font et se défont les réputations, que se lancent un livre,
une campagne de presse, une élection politique ou académique,
un mouvement artistique. Pour reconstituer le recrutement,
l'atmosphère, le développement des salons, dîners, bals, concerts,
Anne Martin-Fugier a lu tous les journaux, tous les mémoires, les
correspondances, les romans aussi qui s'y rapportent. De la princesse
Mathilde à Léon Blum, d'Anna de Noailles au dîner des
Spartiates, c'est le monde des Goncourt, de Marcel Proust et des
surréalistes, rendu à sa vérité historique, qui est mis en scène. C'est
là aussi que s'enracine progressivement la République.