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Même s'il est présent dans la vie sociale ou invoqué par la foi chrétienne, le thème du pardon ne va pas de soi, en particulier dans sa mise en oeuvre concrète, dans la relation aux autres. Si l'on demande à des sociétés ou à des groupes en guerre de faire la paix et d'entamer une démarche de réconciliation souvent exigeante, comme en Afrique du Sud, si l'on invite les membres d'une même famille à se retrouver après un conflit, si l'Église propose elle aussi le sacrement de réconciliation, toutes ces démarches ne sont pas nécessairement comprises, ni authentiquement vécues.
Mais le plus difficile n'est-il pas d'abord de «se pardonner à soi-même», demande avec pertinence Anselm Grün? Bien souvent, la réticence à accorder le pardon à autrui trouve son origine dans les blessures profondes de la personne. Blessures de l'enfance dues à une éducation par trop rigoureuse, poids d'un deuil ou de souffrances mal assumées, drames parfois aussi de l'inceste ou du viol portés dans le secret... Il faut alors dénouer tout cet ensemble de difficultés, mettre au jour la douleur cachée pour faire la paix avec soi-même et pouvoir ainsi pardonner aux autres. Accepter sa propre limite et lâcher prise pour mieux renaître à une existence nouvelle. Avec beaucoup de finesse, nourri de la sagesse des Pères du désert, de la tradition bénédictine et de la psychanalyse de Jung, Anselm Grün ne se limite pas à la seule dimension personnelle et évoque aussi les différentes dimensions du pardon au plan social, familial ou ecclésial...
Offrant des pistes concrètes, ce livre courageux invite à renouer en vérité avec les multiples dimensions du pardon. En partant de notre propre vie intérieure...
