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Le droit, discipline aux charmes méconnus, s'avère ici un exercice
extravagant et quasi fantastique, mais aussi une pratique de vérité
et de critique politique. Extravagant et fantastique parce qu'il
traite de figures insolites telles que le mariage des impuissants, la
prohibition des rapports sexuels entre personnes handicapées
mentales et valides, le fait de porter plainte pour ne pas avoir été
avortée, ou encore de ces vivants que l'on déclaré cérébralement
morts pour mieux les tuer.
Ces cas limites qui concernent la sexualité, les genres et la famille
mettent Marcela Iacub sur la voie de ce que l'on pourrait appeler
les raisons du droit. Ils nous apprennent que le droit fait plus que
légiférer sur une réalité préétablie. L'exception arrache à la règle
les dehors sous lesquels elle se rend acceptable. Les cas limites
démasquent les idéologies qui soutiennent le droit existant et
empêchent de le transformer.
Dans le contexte actuel de forte juridicisation des questions
politiques, on a pu dire que le droit devait nous «donner des
repères» - comme si nos États étaient devenus de grandes
crèches gardées de manière pastorale. Cet ouvrage conteste ces
discours liberticides, non pour soutenir que le droit peut tout et
que l'on serait en mesure de tout recommencer, mais au
contraire afin d'ouvrir pleinement, à l'aide de l'outil juridique,
au vertige de la liberté finie.