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Le 12 mars 1736, un navire battant pavillon anglais se
présente sur la plage d'Aléria, en Corse. En descend un
curieux personnage, venu dans l'île «avec quelques
canons et munitions», vêtu d'un habit d'écarlate doublé de fourrure,
coiffé d'une perruque cavalière et d'un chapeau retroussé à
large bord, portant une longue épée à l'espagnole et une canne
à bec-de-corbin.
Qui est-il ? et surtout, quelle puissance représente-t-il ? Les
rumeurs vont bon train. Un navire anglais, un équipage maure,
bientôt, on le saura, un baron allemand, le tout débarquant en
Corse, de quoi perdre son latin !
Sous peu, l'Europe prendra connaissance de son identité.
Théodore de Neuhoff (1694-1756) deviendra Théodore Ier, roi
de Corse ; roi mais seulement pour sept mois...
Roi d'un été, «roi de théâtre», «roi de carnaval». Que lui
importera ? Il demeurera et mourra roi. Cet aristocrate allemand
aventurier, tour à tour officier dans les armées françaises, ambassadeur
suédois et représentant de l'empereur en Italie réussira le
tour de force de débarquer en Corse et de s'y faire proclamer roi,
avant d'en être chassé par les Génois. Exilé à Londres, il terminera
sa vie dans un cachot, poursuivi pour dettes.
Au-delà des moqueries suscitées par sa malheureuse expédition,
c'est un destin peu connu mais exceptionnel que le lecteur
découvrira dans cet ouvrage. Destin d'un roi éphémère qui
aurait pu, quelques années avant Napoléon, affirmer que sa vie
était un véritable roman !