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Vingt années séparent le premier exposé de la théorie darwinienne - le brouillon de
 1839 - et la publication, le 24 novembre 1859, de L'Origine des espèces. La fin de cette
 longue genèse est aussi le début d'une lente maturation qui durera jusqu'en 1872 - date de
 sa sixième et dernière édition -, voire, si l'on y inclut les ultimes révisions de l'auteur,
 jusqu'en 1876 - date du dernier tirage soumis à son examen. C'est cette édition absolument
 définitive du plus célèbre des ouvrages de Darwin qui est ici traduite et présentée à
 l'occasion du bicentenaire de sa naissance.
Aucun livre de science ne connut sans doute plus durable succès. Aucun ne suscita
 réactions plus vives ni controverses plus passionnées. Dans une quête d'exhaustivité qui
 demeurera toujours insatisfaite, l'ouvrage illustre à travers chacun de ses chapitres la haute
 cohérence de la théorie de la sélection naturelle, moteur de la transformation des espèces,
 avec les données issues de l'observation des variations animales et végétales, de la théorie
 des populations, de la zootechnie, de l'horticulture, de l'éthologie, de l'étude de la
 génération et des croisements, de la paléontologie, de la biogéographie, de la morphologie,
 de l'embryologie, de l'histoire de la Terre et du climat, ainsi que de la classification des
 formes vivantes. Particulièrement démonstratif et amplement documenté, il porte un coup
 décisif aux anciennes croyances en la création singulière et en la perfection native, fixe et
 définitive des espèces.
Cette laïcisation de l'histoire naturelle, qui s'inscrit elle-même dans une autonomisation
 nécessaire de la science, sera pour cela longtemps combattue par les Églises et les
 groupements mystiques restés fidèles au dogme, indéfiniment remanié mais toujours
 résurgent, de la Création du monde et du vivant par une intelligence transcendante et providentielle
 qui serait seule capable d'en garantir les fins et d'en préserver l'harmonie.
Dans une savante et méticuleuse préface, Patrick Tort étudie pas à pas la constitution de
 ce maître livre qui inaugure, en l'affranchissant de toute théologie, la pensée scientifique
 moderne.