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Livre d'apparat dédié personnellement à Louis XIV, La Doctrine des moeurs tirée de la philosophie des Stoïques représentée en cent tableaux et expliquée en cent discours (1646) semble bien constituer un cas à part dans la production de Marin de Gomberville (1600-1674).
Le fait qu'il s'agisse d'une adaptation - l'écrivain démarque les Quinti Horatii Flacci emblemata du dernier maître de Rubens, le peintre Otto Van Veen (1607) - et que la parution du recueil procède en partie de l'occasion pose un problème littéraire majeur : l'opération relève-t-elle d'un banal processus imitatif des « Emblèmes d'Horace », par appropriation des gravures et des textes associés, ou permet-elle de conclure à un livre assumé où s'exprimerait le génie propre d'un écrivain ?
Au terme de l'enquête, il semble possible d'affirmer que ce livre de commande s'inscrit dans l'univers littéraire de Gomberville même si les conditions qui prévalurent à sa réalisation résultent d'une velléité collective de publicité, d'un savoir-faire professionnel et d'un opportunisme d'auteur. La Doctrine des moeurs ne relève en effet ni du plagiat ni de l'oeuvre de fortune. Sans pour autant en trahir l'esprit, le travail d'adaptation mené par Gomberville le conduit à orienter le livre de Van Veen dans des directions sensiblement différentes. L'académicien français auteur du célèbre Polexandre exploite sans discrétion les richesses d'un vaste héritage humaniste, mais il agrège aussi au genre de l'emblème d'autres apports. Finalement, ce travail de lecture réalisé à partir des gravures et des textes recueillis par Van Veen est l'aboutissement logique d'un projet de réorientation médité : destinée à un roi âgé de huit ans et adressée à la jeunesse, La Doctrine des moeurs témoigne d'une intention pédagogique et psychagogique cohérente fondée en partie sur le charme et le pouvoir de la représentation figurée.
Ces conclusions invitent à reconsidérer l'hypothèse naïve d'un beau livre illustré et à accréditer la thèse d'une école des images.
