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«L'univers du moi et du vin est un poème.» Cette
admirable observation d'Henri Michaux, jamais oeuvre
littéraire ne l'aura plus fidèlement illustrée que ce livre
de Raymond Dumay, prodigieux «discours sur l'universalité
de la langue du vin». Chez Dumay, les passions
conjuguées du vin et de la littérature se sont
épanouies en ou corpus poétique à nul autre pareil.
Tour à tour historiographe inspiré, prosateur lyrique,
observateur paradoxal et malicieux, critique virulent,
dégustateur averti, et sans cesse visionnaire, Dumay
nous annonçait hier un double désastre, et sa prédiction
se réalise, hélas ! aujourd'hui.
Dans un monde «globalisé», livré aux malversations
du grand négoce et des banquiers, aux fanatiques
de tout poil, aux faux démocrates et à la folie furieuse
de l'Ordre moral, le vin, dieu de la générosité, de la
solidarité, de l'art et de la liberté, agonise, et sa mort
sonne le glas de la civilisation. «Si le vin chute, l'art
n'est plus qu'un infirme.» Le rêve actif de Sumer qui,
de l'Orient à l'Occident, a irrigué l'humanité, s'effondre.