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La Mer de la fertilité, testament littéraire de Mishima, réunit quatre
romans qui couvrent l'histoire du Japon de 1912 à 1970, sur quatre
générations :
Neige de printemps Chevaux échappés Le temple de
l'aube L'ange en décomposition
«Et pouvez-vous dire avec certitude que, tous les deux, nous nous
sommes déjà rencontrés ?
- Je suis venu ici il y a soixante ans.
- La mémoire est comme un miroir fantôme. Il arrive qu'elle montre
des choses trop lointaines pour qu'on les voie, et elle les montre parfois
comme si elles étaient présentes.
- Mais si, dès le commencement, il n'y avait pas Kiyoaki...» Honda
tâtonnait à travers un brouillard. Cet entretien ici, avec l'abbesse,
semblait à moitié un rêve. Il parlait à haute voix, comme pour recouvrer
le moi qui s'éloignait comme les traces d'une haleine à la surface
d'un plateau de laque. «S'il n'y avait pas Kiyoaki, il n'y a pas eu non
plus Isao. Il n'y eut pas Ying Chan, et - qui sait - peut-être n'y a-t-il
pas eu moi.»
Pour la première fois, il y avait de la force dans les yeux de l'abbesse.
«Cela aussi est tel que dans le coeur de chacun.»
Yukio Mishima,
L'Ange en décomposition, chap. 30
Le 25 novembre 1970, quelques heures après avoir signé et daté à
l'intention de son éditeur
L'Ange en décomposition, dernier volume
de sa tétralogie, Mishima se donnait publiquement la mort, selon le
rituel des samouraïs.