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Écrivaine voyageuse par excellence, Lieve Joris a retrouvé depuis quelques années le chemin de son village natal flamand pour écrire la chronique d'une famille dont elle s'était éloignée sans jamais la quitter. Dans la famille Joris, après la carte du « frère prodigue » (Fonny, Actes Sud, 2019), voici qu'elle tire celles du père, surnommé « le créateur », et de la soeur cadette pas comme les autres, Hildeke, « Petite Hilde », née avec le syndrome de Down. Ce faisant, l'autrice observe ses proches avec la même acuité d'anthropologue que les personnes rencontrées au fil de ses voyages. Sous son regard, nous suivons les tristes dernières années d'un père qui sombre doucement dans la démence.
Mais la véritable héroïne de ces pages, c'est Hildeke. Protégée des périls extérieurs par le rempart d'affection que les siens érigent autour d'elle, elle semble vouée à une éternelle enfance. Elle n'en connaît pas moins des moments de bonheur, où sa gaieté naturelle inspire à ses frères et soeurs une joie de vivre contagieuse. En un patchwork de courtes scènes et de dialogues, une méthode d'observation et d'exposition qui a fait le succès de tous ses livres, Lieve Joris compose avec brio un récit mélancolique et émouvant, où elle dit adieu aux siens et fait la paix avec eux.
