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La Lettre à Émilie
Octobre 1935. Depuis leur plus jeune âge, Émilie et Martial savent qu'ils sont faits l'un pour l'autre. Mais malgré l'indéfectible lien qui les unit, la vie dans leur petit village cévenol est de plus en plus difficile ; aux mauvaises récoltes et aux difficultés financières s'ajoutent la claudication de Julien, leur fils, que seule une opération chirurgicale pourrait rétablir. Tous deux savent que leur modeste condition leur interdit une telle dépense, mais Émilie, déterminée à sortir de cette situation misérable est persuadée que partir pour la ville, pour trouver du travail, est le seul moyen de s'en sortir.
Aussi, à la faveur d'une proposition d'un ancien camarade de régiment de Martial, ils décident de tenter leur chance à Marseille. Mais en cette période de chômage, un vent de contestation commence à se lever parmi les travailleurs.
« Que puis-je espérer pour moi et ma famille dans ce pays rude que le temps, chaque jour, habille de gris, d'eau, de froid ? »
Émilie s'était découvert une obsession à l'approche de ses treize ans.
- Plus tard, quand nous serons grands, nous partirons du Brusset, lançait-elle souvent, farouche.
- Pour aller où ? demandait-il effaré. On n'est pas bien, ici ?
- Oui, mais nous quitterons quand même ce pays.
- Et pourquoi ?
- Parce que.
- Parce que quoi ?
- Parce qu'ici on étouffe. Il n'y a que des montagnes, et l'existence est trop dure, répondait-elle.
