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«Cathos de gauche» : l'expression s'est imposée dans la seconde
moitié du XXe siècle pour désigner un monde de militants et de «clercs»,
d'organes de presse et de mouvements, laïques ou religieux, dont la
contribution politique, sociale, culturelle et intellectuelle à l'histoire
de la France de l'après-guerre apparaît souvent oubliée.
Cet ouvrage retrace pour la première fois l'aventure des «chrétiens de
gauche», comme on devrait appeler plus justement les catholiques et les
protestants de cette mouvance. Contre une Église catholique jusque-là
massivement portée à droite et une Église protestante embourgeoisée,
ils voulaient, au nom de leur foi, s'engager dans la Cité et peser sur la
politique tout en changeant le visage de leurs Églises. Décolonisation,
syndicalisme, autogestion, féminisme, tiers-mondisme... : ils ont été de
toutes les luttes, et souvent même à l'avant-garde de la contestation.
Beaucoup engagèrent un dialogue exigeant avec la tradition marxiste.
Après le concile Vatican II et Mai 68, certains furent même tentés par
la révolution dans la société et dans leurs Églises. Leur contribution
à la rénovation de la gauche socialiste puis à l'élection de François
Mitterrand en 1981 fut ensuite décisive.
Mais la réforme de l'Église catholique n'est-elle pas devenue restauration
sous Jean-Paul II puis Benoît XVI ? Et la victoire de la gauche en
1981 n'a-t-elle pas sonné l'heure du déclin politique de la gauche chrétienne
? Que reste-t-il aujourd'hui de ses combats et des idéaux qu'elle
entendait porter ? Au-delà d'une parenthèse utopique, c'est l'évolution
du rapport entre le politique et le religieux, à l'épreuve de la sécularisation
de la société française, que cette histoire éclaire.