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Le statut de la femme, au sein de l'ethnie maure, n'a pas manqué de susciter l'étonnement des observateurs étrangers. En effet, s'il revèle bien de la logique commune à l'ensemble des sociétés arabo-musulmanes, il lui est, dans le même temps, irréductible. Si, de la femme, on dit qu'elle est à la fois charmeuse et «rusée», séductrice et mortifère, la conjuration de la menace dont elle est porteuse s'y effectue autrement qu'ailleurs.
Il y est question non pas de claustration ni de polygamie, par exemple, mais de mise à distance de la femme, de son évitement, du façonnage d'un corps inaccessible et qui ignore le manque, puisqu'il est comblé avant même le surgissement de son désir. Un évitement, soigneusement construit donc, qui se mue en plainte poétique à l'adresse d'une aimée absente ou cruelle, jusqu'à ce que soient rappelés les impératifs de la reproduction sociale.
C'est d'une telle hétérogénéité que traite cet ouvrage, de même qu'il s'emploie à dégager les enjeux, en termes de la différence de sexes, à l'œuvre derrière la fascination éprouvée par l'homme à l'endroit du féminin et le naufrage qui ne manque pas de découler de sa rencontre. L'analyse de corpus de contes, d'histoires convoquées pour expliciter la folie, ou encore celle des positions prises par l'Islam canonique au sujet de la musique et de l'usage qu'en fait la société maure dans sa gestion du transsexualisme en constituent les lignes d'approche.
