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Au début des années soixante-dix, le ministère de l'Équipement s'est préoccupé des
«effets structurants» des autoroutes qui étaient construites dans le cadre d'un programme
ambitieux. Ce terme a eu un succès inespéré, et la question des «effets structurants»
des grandes infrastructures de transport est restée, et reste encore, une des
interrogations majeures des hommes politiques lorsqu'il s'agit de décider de la construction
d'une nouvelle infrastructure. Connaître leurs conséquences sur le développement
économique était un moyen d'améliorer les procédures d'évaluation qui
précédaient la décision, en ne les limitant pas aux seules conséquences sur le trafic.
Mais l'apparition d'une nouvelle infrastructure de transport n'entraîne pas d'effets
automatiques, comme si les nouvelles facilités de transport apportaient nécessairement
aux régions traversées richesse et prospérité. S'il est bien certain qu'il existe
un lien entre l'apparition de nouvelles infrastructures de transport et le développement
économique, il s'agit d'une relation complexe qui articule l'ensemble du système
de transport (et non la seule infrastructure) au territoire desservi, c'est-à-dire à
l'espace dans lequel les hommes vivent et agissent, à l'espace qu'ils s'approprient et
dans lequel ils construisent leur mode de vie. Se poser la question des «effets structurants»
des infrastructures de transport revient en définitive à s'interroger sur les
transformations qui ne manqueront pas d'apparaître dans un territoire lorsque les
conditions de transport qui le caractérisent sont modifiées. Le transport apparaît alors
comme un des éléments qui tout à la fois accompagne et permet les grandes mutations
de notre société.