Mehr lesen
La Jordanie contestataire
Si la Jordanie est officiellement une monarchie constitutionnelle,
la constitution promulguée en 1952 puis
amendée plusieurs fois accorde en fait les pleins pouvoirs
au roi. L'« ouverture » démocratique n'a pas empêché la
création d'un cadre légal coercitif, limitant l'expression
et la participation politiques. Les services de sécurité
restent omniprésents et la répression - bien que moins
systématique - perdure. L'apparente stabilité du régime
est basée sur de complexes et changeants processus autoritaires
qui sont mis en place de manière différenciée
selon les arènes politiques et sociales. Pour autant, l'opposition
existe et des voies alternatives de contestation
ont émergé, comme on l'a vu lors des manifestations populaires
de 2011.
L'enquête de terrain de plusieurs années menée par
l'auteure lui a permis de reconstituer les trajectoires de
militants de différentes tendances : islamistes, nationalistes
et communistes. Hormis les islamistes, qui ont
toujours été légalement autorisés, mais parfois réprimés,
les opposants sont passés d'un militantisme totalement
clandestin à une scène publique très contrôlée. À travers
leurs parcours apparaissent les conditions générales du
militantisme politique face à un régime répressif, mais
aussi le sens donné par chaque individu à son engagement
et à l'idéologie qui le sous-tend.