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Qu'est-ce que la logophilie ?
Bien que la linguistique y trouve des emplois, ce n'est pas simplement
un savoir sur la langue ; bien que la psychanalyse puisse en
éclairer certains mystères, ce n'est pas simplement une perversion
(et la psychiatrie ne satisfait plus quand elle parle sans nuance de
«folie») ; bien que la poétique et l'analyse du récit trouvent à s'y
exercer, il ne s'agit pas non plus et simplement de «littérature».
Et pourtant, le logophile est bien, à la fois, un homme de savoir,
de fantasme et d'écriture.
Qu'est-ce qui fait donc alors, pour nous aujourd'hui, le coeur et
le sens de quelque chose qui se présente à la fois comme une
expérience vécue et un texte en dérive, chez Mallarmé comme chez
Saussure, chez Brisset comme chez Roussel ou Wolfson ?
C'est à cette question que le présent essai tente de répondre, en
montrant que tout se joue dans une certaine rencontre du désir et
du signe, aventure qui depuis un siècle redistribue les rapports de
la science, de la folie et de la fiction, ouvrant ainsi une nouvelle
histoire du sujet.
Aventure du sujet en délire au coeur de la raison, dans l'enfer des
langues ; ressource commune d'Hérodiade et du Cours de linguistique
générale, de Locus Solus et de La science de Dieu, des «anagrammes»
et de la «promenade du Schizo» ; le linguiste, l'écrivain
et le psychotique : trois héros de notre temps, aux prises avec le
même impossible.