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Dans l'Anatomie de la Mélancolie, Robert Burton tente de
faire l'anatomie d'un état de l'esprit, Shelley Jackson (née en
1963) tente, au contraire, de spiritualiser l'anatomie. Ce faisant,
elle donne au lecteur tout le plaisir que l'on peut trouver dans les
vieux livres de science que l'on connaît surtout aujourd'hui pour
leur qualité littéraire. La Mélancolie de l'Anatomie, explore ce
même territoire, celui des limites entre la littérature et la
recherche scientifique, entre la citation à outrance et une écriture
entièrement neuve, entre la religion et la fantaisie. Comme le
dit l'auteur, «Si certaines de mes phrases sont d'une grande complexité,
ce n'est rien quand on les compare à celles de Burton.»
Là où Burton pénètre dans le corps humain pour y chercher
les liens entre l'esprit, la psyché et le corps tel qu'on le connaissait
à la fin de la Renaissance (en fonction de la théorie des
humeurs), Jackson imagine l'oeuf, le sperme, le foetus, le cancer,
les nerfs, les godemichés, le flegme, les cheveux, le sommeil, le
sang, le lait et la graisse comme extérieurs, séparés, influençant
les humains, leurs corps, leur culture, leurs relations, du dehors.
Son livre est également structuré selon les humeurs, qui divisent
le livre en quatre parties : Cholérique, Mélancolique, Flegmatique
et Sanguin.
Jackson se concentre sur ce qu'elle appelle les «résidus» du
corps, elle leur donne une vie séparée et imagine, avec humour,
énormément d'imagination verbale et une très grande virtuosité
de construction, comme les êtres humains peuvent interagir avec
tous ces éléments dont ils font en général peu de cas.
Robert Coover a dit de Shelley Jackson qu'elle était un des
talents les plus mûrs et originaux de sa génération.