Mehr lesen
En rassemblant les principaux résultats de mes écrits, j'accomplis
une tâche supplémentaire : je dresse un bilan. Le temps
vient toujours de faire un bilan de sa vie. Pour moi, ce sera
le bilan d'une oeuvre. Que ce bilan ne soit en fait jamais réellement
«bouclé», puisque j'ai bien l'intention d'écrire durant
tout le temps qu'il me sera possible de le faire, ne signifie pas
qu'un regard sur un demi-siècle de production ne puisse dégager
des lignes de pensée dominantes et des propositions fermes
et constantes.
Plus précisément encore, ce regard synthétique et rétroactif, ce
redéploiement ramassé de ma pensée, pourrait valoir comme
la validation ultime d'un itinéraire existentiel et d'une oeuvre.
Celle-ci révélerait alors dans son unité comme une philosophie
pour vivre, c'est-à-dire comme une éthique.
Le présent travail (c'est bien d'un travail qu'il s'agit) peut
aussi valoir comme second commencement (ou paradoxal recommencement).
En effet, ce projet ne me concerne pas seul.
L'enrichissement visé par une éthique philosophique concerne
aussi bien le lecteur que l'auteur. La synthèse devrait assurément
mieux atteindre son objectif que les oeuvres éparses, et
ainsi mieux répondre à l'attente d'un lecteur souhaitant disposer
de matériaux réflexifs cohérents pour fonder sa propre vie et
orienter sa propre action.
Robert Misrahi