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L'étrange locataire de Madame Eliot
Seule désormais avec sa fille, Madame Eliot se refuse à envisager de quitter « les Chênes », cette belle demeure où l'accompagnent tant de souvenirs de son bonheur perdu. Elle devra se résoudre, bien à contrecoeur, à la seule solution qui s'offre à elle : louer la Tour, bâtisse attenante à la maison et pouvant disposer d'un accès particulier. Peut-elle imaginer qu'à compter de cette simple décision, elle se verra plongée dans un autre monde, rempli d'angoisse, avec cet étrange locataire qu'elle va choisir et ces trop nombreux accidents mortels qui vont désormais entourer son quotidien ?
- Triste histoire, n'est-ce pas ? lui dit-il. Je vais finir par croire avec tous ces accidents que la médecine est inutile, mes plus belles ordonnances ne peuvent rien contre la poisse !
Ne sachant pas trop si c'était un mauvais trait d'humour ou une affirmation de bonne foi, Maud s'abstint de tout commentaire, son visage pâle parlait pour elle de son intense bouleversement.
- Allons ! répéta le docteur, un accident est un accident et nous n'y pouvons rien. Ce ne sont pas les leçons de morale du médecin de l'âme, dit-il en parlant du prêtre, qui vont nous en préserver. Non, sûrement pas, je crois plutôt à la prévention. D'ailleurs, vous ne pouvez pas imaginer le nombre d'accidents domestiques mortels par année...
Non, Maud justement n'imaginait pas, sûrement trop... Cependant, elle se surprit à penser que ce terme trop aseptisé ne pouvait pas convenir aux derniers accidents du village. Tomber d'une fenêtre, se cogner contre une poutre et se noyer rentraient-ils dans cette catégorie qualifiée de « domestique » ?
