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Youlie : A six ans, je demande : Maman ? C'est quoi, un épicentre ?
Lana : Regarde dans le dictionnaire.
Youlie : « ... foyer apparent des ébranlements lors d'un tremblement de terre... » Notre foyer est ébranlé, ça se voit dans ton visage. Maman.
A huit ans : Maman, les tremblements de terre, c'est à cause de ma colère ?
Lana : Quelle colère ?
Youlie : Juste avant que ça arrive, chaque fois, une bouffée de rage contre la vie qui est lente, j'ai l'espérance trop violente ?
Lana : Je voudrais que tu arrêtes de poser des questions.
Youlie : À dix ans : Maman, pourquoi j'en ai jamais assez ?
Lana : C'est parce que tu en veux toujours trop.
Youlie : À onze ans : Maman, quand je touche ici, ça me fait pleurer.
Lana : Alors, n'y touche plus.
Youlie : À douze ans : Maman, est-ce que tu penses à moi quand je suis pas là ? Parce que moi, je pense à toi presque tout le temps.
Lana : Presque ? A qui penses-tu aussi ?
Youlie : A personne.
Lana : N'y pense plus. Il est parti.
Youlie, petite fille sauvage avec une touffe de poils roux sur la joue, voudrait que son père la voie et qu'on cesse de se moquer d'elle.
Cette difficulté à être vue, acceptée, la plonge dans des colères infinies qui font vibrer violemment le sol. Car Youlie a le pouvoir de déclencher des tremblements de terre.
Youlie est forte et c'est ce qu'Ewan, le garçon roux qui croise sa route, admire chez elle.
À eux deux, ils apprendront à traverser les épreuves. Il n'est pas toujours facile de survivre à ses parents.
