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Roy, vedette d'une télé populaire, anime des rencontres en tête-à-tête avec des invités prêts à étaler leur vie, leurs désirs, leurs échecs, leurs névroses...
Habile interviewer souvent à l'écoute sincère de la vie des personnes qu'il reçoit, Roy n'en reste pas moins attentif au succès public de ses émissions. Il peut donc aussi se faire manipulateur et séducteur pour soutirer des aveux intimes dont les auditeurs sont friands.
Et ce d'autant que sa vie à lui, entre femme, enfant et valet de coeur, est bien loin du bonheur dont il donne l'apparence.
Avec Grande écoute, Larry Tremblay plonge dans l'univers singulier des professionnels du micro et nous livre une réflexion mordante sur la compassion à travers un nouveau type de voyeurisme...
Roy : Je voudrais bien saisir ce qui se cache derrière mon image.
Dany : Pourquoi tu ne peux pas ?
Roy : C'est une question de trou.
Dany : De trou ?
Roy : Oui, de trou. Pour voir ce qui se cache derrière une image, il faut faire un trou dedans, se coller l'oeil dessus. Alors tu vois ce que l'image te cachait. Il faut toujours un trou pour se rincer l'oeil.
Dany : Tu me racontes n'importe quoi.
Roy : Pas du tout. Je n'ai jamais été aussi sérieux. Le trou, c'est l'essentiel dans la connaissance de quelqu'un ou de soi-même. Sans trou, on ne connaît rien. Il faut faire des trous. Mais dans mon cas, ça se complique.
Dany : Parce qu'avec toi, il n'y a...
Roy : Laisse-moi terminer. Dans mon cas, ça se complique. Il y a un trou dans mon image, c'est clair. Le trou, c'est ce qui attire le public. C'est ce qui rend la vedette attirante. C'est ce qui fait qu'on lui prête des pouvoirs, des qualités, des secrets, des vices cachés et des crimes parfois. Je l'admets sans problème, je possède un trou tout à fait conforme à mon statut de vedette. Toute ma vie professionnelle - une réussite éclatante - a contribué à former ce trou dans mon image. Un petit trou. Il ne faut jamais que le trou soit grand. Parce qu'un grand trou, c'est vulgaire. Tu peux avoir une carrière florissante comme la mienne et n'offrir qu'un petit trou. Et c'est ce qu'il faut. Mais, je l'ai dit, dans mon cas, ça se complique parce que, moi, tu vois, j'ai un trou qui se déplace...
