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Un jeune peintre, Louis Janmot, immergé dans l'idéalisme lyonnais, devient l'un des nombreux artiste-apôtres du romantisme. En 1835, il conçoit un vaste cycle, intitulé L'Âme, dont les trente-quatre panneaux et mille quatre cent quatre-vingt-douze vers sont publiés en 1880. On y suit la transmutation sur terre de deux âmes-soeurs, indispensable pour regagner leur patrie céleste. Cette doctrine est développée dans L'Homme de désir, publié à Lyon en 1790 par l'illuministe Claude de Saint-Martin.
Une gestuelle, presqu'une chorégraphie, annonciatrice d'une nouvelle danse, des choeurs parlés et des éclairages scéniques animent cet Opéra de l'âme. Dans la seconde partie (1867), l'homme découvre son inconscient, que personne ne sait encore nommer.
Théophile Gautier, puis Baudelaire sont attirés par les dix-huit toiles du Poème de l'âme, admises à l'Exposition Universelle (1855) grâce à Delacroix. Les figures féminines de Janmot partagent avec les Préraphaélites anglais une ferveur dantesque ; elles inspirent Odilon Redon et bien des figures féminines du Symbolisme.
Au-delà du temps et de l'espace, ses sources illuministes inscrivent Le Poème de l'âme dans la vaste famille européenne des disciples, proches ou lointains, du mystique Jacob Böhme, de W. Blake ou de P.O. Runge dans les Heures du Jour. « On ne s'y attendait pas ! » s'était exclamé Théophile Gautier dès 1854.
