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«Homme à style et non à idées», aimait à se définir Louis-Ferdinand
 Céline, peu avare de paradoxes. Pourtant, s'il
 n'adhéra jamais à aucun parti constitué, combien d'écrivains se
 sont aussi résolument fourvoyés dans le dédale des idéologies ?
Chez lui, le pacifisme du vétéran semble l'avoir emporté par la
 vigueur du sentiment. Le socialisme l'a entraîné dans la définition
 réduite d'un «communisme Labiche» et de projets utopiques,
 voire bouffons, d'organisation sociale. L'antisémitisme pèse sur
 son oeuvre comme un péché capital, mais Céline l'anticonformiste
 ne rejoint qu'accidentellement le fascisme. Précurseur de
 l'existentialisme ? La question doit également être posée. S'il faut
 enfin lui coller une étiquette, celle d'anarchiste lui conviendrait le
 mieux - de droite ou de gauche, c'est selon.
Dans ses haines comme dans ses rêves, ses révoltes et ses visions,
 au-delà d'un pessimisme foncier, Céline aura montré un trait
 d'esprit constant : l'idéalisme. Mais si la foi guide le révolté
 et inspire le prophète, elle ne suffit pas à sauver l'homme :
 témoins les pamphlets, fustigations outrancières des maux de
 son temps - et document unique sur la crise des esprits caractéristique
 des années 1930, dont ce livre est aussi la photographie.