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Inaugurée par la révolution copernicienne, la Révolution
 française, la révolution industrielle et la révolution technologique,
 notre époque est à tous égards révolutionnaire :
 elle est la seconde révolution connue par l'humanité après
 la révolution néolithique, qui inaugura l'histoire il y a une
 centaine de siècles. Concevoir un tel bouleversement pose
 des problèmes considérables, puisque les principes logiques,
 concepts et catégories jusqu'ici en vigueur tendent à devenir
 eux-mêmes obsolètes. Seule une pensée révolutionnaire est à
 la mesure de notre époque, et la pensée de Marx est fondamentalement
 révolutionnaire.
Mais sa nouveauté fut longtemps dissimulée par des interprétations
 idéologiques qui l'ont ravalée à un matérialisme, un
 scientisme, un positivisme ou un naturalisme. La pensée de
 Marx peut pourtant se définir clairement : elle est un communisme,
 qui reconnaît la communauté historique des sujets
 vivants comme sol ontologique et fondement premier.
La mise au jour du communisme comme position philosophique
 peut se conduire à partir des ultimes développements
 de la phénoménologie, qui mènent Husserl à reléguer comme
 superficiel et dérivé le niveau théorique - et donc à lui
 reconnaître un statut idéologique - pour approfondir la
 rétrocession transcendantale en direction de la communauté
 intersubjective de corps vivants oeuvrant sur le terrain de la
 praxis à partir d'un héritage historique.
C'est donc sur ce fondement de droit qu'il devient possible
 de critiquer l'autonomisation de l'objectivité qui définit tout
 à la fois le capitalisme, la science et la technique modernes.
 Mais cette critique appelle alors elle-même une révolution,
 seule à même de conjurer le danger qu'une automatisation
 totale ferait peser sur l'humanité.