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«Et renseignez-nous sur l'orientation des affaires !»,
 écrivait à la fin du Moyen Age un marchand vénitien à son commis
 envoyé à Bruges. Car les marchands ont besoin de maîtriser
 l'information partout où le commerce se fait. Ils ont aussi besoin
 de communiquer, à l'instar des souverains, des hommes d'Eglise
 et des combattants.
Au Moyen Age, l'information se diffuse avant tout oralement. Vers
 l'an mille, Gerbert d'Aurillac, futur pape, utilise ses fidèles messagers.
 On les voit alors parcourir les campagnes, chevauchant à bride
 abattue leurs bêtes pour apporter la précieuse nouvelle. C'est aussi
 l'époque où l'on «crie» les ordonnances royales avant de les appliquer.
 Au XVe siècle, l'imprimerie bouleversera la donne en intronisant
 l'écrit.
La gestion des affaires du monde s'appuie également sur
 la désinformation. La propagande, en particulier, la calomnie,
 les faux en tous genres abondent. Les espions ne transmettent
 pas seulement des nouvelles confidentielles, ils
 s'efforcent aussi de semer le trouble dans le camp ennemi.
 Et Louis XI prévient ses ambassadeurs : «Ils vous mentent,
 mentez bien !» L'historien s'en amuse rétrospectivement, mais
 il lui faut à son tour démêler le vrai du faux, comprendre les
 rouages de la circulation des rumeurs, qui sont autant d'armes
 au service du pouvoir. Avec brio, Jean Verdon poursuit ici son
 décryptage du monde médiéval dont les us et coutumes nous
 semblent étrangement familiers.