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Masaccio, Alberti, Domenico Veneziano : il
serait limitatif de réduire l'éducation
artistique de Piero à ces trois seuls noms.
Florence est à la fois un musée et un laboratoire,
de Giotto à Fra Angelico, et les trois noms que nous
venons de citer représentent plutôt, si nous
admettons le côté arbitraire de toute simplification,
une mise en route vers l'originalité absolue. Au delà
des emprunts, des imitations et des exemples, on
apprend exclusivement ce que l'on sait déjà, l'étude
ne sert guère qu'à le comprendre enfin. Le Baptême
du Christ, reconnu par l'ensemble de la critique
comme l'une des premières oeuvres de Piero, est
le témoignage de tout ce qu'a appris le jeune peintre
de Borgo.
Nous possédons peu de données sûres
concernant la vie de Piero della Francesca.
Le roman de son existence est à chercher dans
la puissance de ses oeuvres, du moins
de celles qui nous sont parvenues. Le reste est
biographie. Avant de raconter son histoire,
il pourrait être utile de savoir comment ces
oeuvres furent jugées à travers les âges,
car la fortune critique conditionne parfois
la carence d'informations permettant de
reconstituer une biographie. Sa gloire n'est
pas vraiment étendue au XVe siècle. Ses
oeuvres lui valent de nouvelles commandes
mais non la renommée universelle. Son nom
apparaît plutôt dans des ouvrages de
chercheurs et d'architectes. L'un de ses
élèves, Luca Pacioli, mathématicien connu
entre autres pour avoir publié en 1509 un
traité intitulé De divina proportione, illustré de
dessins de Léonard de Vinci, le couvre de
louanges. Son activité scientifique et
théorique lui vaut d'apparaître aussi chez les
commentateurs de Vitruve et d'être cité par
tous les grands architectes du XVIe siècle.
Historiens et chroniqueurs le mentionnent de
façon inégale. Vasari, qui a sans doute pu voir
directement ses oeuvres - il est originaire
d'Arezzo -, parle de lui comme s'il l'avait
connu.