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«Convertissez-vous et croyez à l'évangile», est-il dit
par le prêtre lors de l'imposition des Cendres sur le front
du fidèle. Combien de fois n'ai-je pas écouté cette parole ?
Écouté, certes ! Mais entendu ?
Je venais de l'entendre.
Minutes intenses, minutes exaltantes, cette joie qui
m'animait en quittant l'église Saint-Gervais, j'eusse tant
aimé la partager avec ceux que je croisais dans la rue, ce
soir-là, au sortir de la messe du mercredi des Cendres.
À Saint-Paul, près de l'entrée du métro, il y avait des
clochards aux visages avinés, des jeunes gens au regard
absent. Comme eux, j'ai été écrasé par mon histoire, par
mon égoïsme, par mon orgueil. Cela se passait dans une
autre vie, c'est-à-dire il y a une heure. À présent, je vois
sur ces pauvres faces celui que je fus et qu'une simple
parole, non plus écoutée, mais entendue, vient de délivrer.
Ce miracle - nommons-le «conversion» -, j'ai alors
décidé de l'offrir à toutes ces «âmes oisives», si chères à
Jean-Jacques Rousseau. Sous forme d'aveux, de confidences,
d'émerveillements.
«Confessez-vous les uns les autres», recommande le
Christ Jésus à ses disciples. Est-il plus bel acte d'amour et
de confiance ?