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Longtemps confondue avec son oeuvre majeure, Le Deuxième
Sexe, la véritable Simone de Beauvoir apparaît au fur et à
mesure qu'inédits et témoignages révèlent la personne qu'elle fut
au-delà du mythe. Ses écrits de voyage contribuent à la
découverte, ou redécouverte, d'une Beauvoir intime et trop
souvent méconnue.
La «jeune fille rangée», qui n'avait guère connu que le VIe
arrondissement parisien et la maison familiale du Limousin,
découvre le monde après sa rencontre avec Sartre, en 1929 : ce
seront dans les années 1930 l'Espagne, l'Angleterre,
l'Allemagne, et surtout l'Italie, qui deviendra pour le couple
comme une «seconde patrie». La France, Beauvoir aime la
parcourir à pied - la randonnée est une de ses activités
préférées dès sa première affectation de professeur à Marseille,
en 1931 -, ou encore à bicyclette, notamment pendant la
guerre. Plus tard viendront les grands voyages politiques :
l'Europe de l'Est, Cuba, la Chine, le Brésil. Sans oublier les États-Unis
où Beauvoir passera plusieurs mois par an entre 1947 et
1951, après sa rencontre avec Nelson Algren.
Éric Levéel a puisé dans l'oeuvre autobiographique et dans la
correspondance - dont quelques lettres inédites - les pages les
plus significatives. On y découvre une femme d'une curiosité
insatiable, enchantée par la beauté du monde, qu'elle goûte
avec sensualité et dépeint dans un style vif et précis, parfois
lyrique. Nul doute que le voyage fut un des éléments clés de
l'expérience existentialiste de Simone de Beauvoir : «tout voir»,
afin de «tout connaître» et de «tout comprendre». S'abandonner
à l'exaltation de l'inconnu pour s'arracher à soi-même,
chercher dans le foisonnement du monde une illusion d'infini.
L'iconographie du livre a été empruntée à l'oeuvre de la
photographe Janine Nièpce.