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Pour ceux qui, depuis le début des années 1990, annoncent la
démocratisation du régime marocain, les législatives de septembre 2007
ont constitué une nouvelle étape dans la libéralisation politique du pays.
Pour d'autres, le cas marocain confirme que des élections, même
concurrentielles, peuvent contribuer à affermir l'emprise d'un pouvoir
autoritaire sur le champ politique et partisan.
Certes, l'instauration d'un jeu électoral plus compétitif contribue à
légitimer le régime dans un contexte où le Parlement ne participe qu'en
marge à la définition des politiques publiques nationales. Le propos des
auteurs consiste cependant à montrer que la routinisation des opérations
électorales produit aussi des effets de réalité sur l'organisation du champ
politique. Ces effets échappent en partie au pouvoir central et s'observent
notamment à l'échelle localisée des circonscriptions.
En privilégiant une lecture ethnographique des mobilisations et en
explorant les terrains de la campagne électorale, cet ouvrage s'intéresse
aux acteurs de l'élection «vus d'en bas» : depuis les meetings, dans les
campagnes de porte-à-porte, au sein des équipes de soutien des partis,
voire des associations qui s'engagent dans le scrutin. Quelles stratégies
électorales mettent-ils en oeuvre ? À qui s'adressent-ils ? Comment
s'organisent les réseaux électoraux pour convaincre et remporter les votes ?
Les contributions s'ordonnent suivant trois volets qui interrogent le
poids des notables et du clientélisme dans les élections, la participation des
associations au jeu électoral, et enfin la portée et les limites du processus de
normalisation politique des partis islamistes.